Séquences en interaction :
de la paire adjacente aux activités complexes (SEQ-i).

Ecole d’été ICAR-ASLAN (Lyon) / Hermann Paul School
of Linguistics (Basel-Freiburg)

18 au 21 juin 2012 à l’ENS-Lyon, site René Descartes.

 

Situation scientifique et objectifs :


Les enjeux

L'école d'été SEQ-i entend contribuer à la visibilité des recherches dans le domaine de l'interaction, à la consolidation d'un réseau européen de chercheurs dans ce domaine et à la formation de haut niveau des chercheurs et doctorants.

Les études de l’interaction se sont développées dans les pays anglo-saxons à partir des années 60, avec l’essor de la pragmatique, de l’ethnographie de la communication, de l’analyse du discours, de la sociolinguistique interactionnelle de Gumperz, de la micro-sociologie de Goffman, de l’analyse conversationnelle. En France, l’analyse des interactions commence à se développer au cours des années 80, intégrant ces diverses influences dans un champ de la linguistique de discours très marqué par les études énonciatives.

Parmi ces courants, l’analyse conversationnelle est marquée par une expansion importante dans plusieurs disciplines (de la sociologie à l’anthropologie linguistique, à la linguistique, à la psychologie discursive, aux workplace studies, au CSCW), accompagnée par la multiplication des ouvrages collectifs chez différents éditeurs scientifiques. Une évolution importante dans ce paysage apparaît à partir des années 90 sous le label de « linguistique interactionnelle » (Selting, Couper-Kuhlen, Auer, Hakulinen, Ford, Fox, Thompson...) qui intègre les apports théoriques de l’étude de l’interaction à tous les niveaux de l’analyse linguistique (de la phonétique à la syntaxe, de la prosodie à la structuration des activités), et fait ainsi émerger un nouveau paradigme.

L'avancée de ces recherches est indissociablement liée aux questions de préparation et de traitement des données (discussions sur les modes d’enregistrement des « naturally occurring data », soin particulier consacré à la transcription de l'oral et de la multimodalité). L’introduction de nouvelles technologies pour le traitement des données (notamment les logiciels d’alignement du texte et du signal) joue un rôle essentiel.

Face à ces développements importants, surtout aux USA, en Angleterre, en Scandinavie et en Allemagne, la linguistique interactionnelle est restée relativement discrète dans le domaine francophone. Alors même que de nombreux jeunes chercheurs et doctorants s’y intéressent de plus en plus, les formations y sont rares. L’école SEQ-i a pour but à la fois d’offrir une formation de haute qualité et de mettre en contact chercheurs et étudiants de différents pays européens. Elle s’articule avec l’école de la CUSO-Basel/Neuchâtel et l’école de la SDU-Odense pour offrir un programme riche, diversifié et intensif pour ceux qui veulent se spécialiser dans le domaine.

Les objectifs scientifiques de l’école visent à former les doctorants et les chercheurs à ces nouvelles orientations ; les objectifs stratégiques consistent à diffuser le savoir-faire de la linguistique interactionnelle en matière d’analyse de corpus de langue orale en France, à montrer les nouvelles exigences qu'elle a fait apparaître, et à entraîner les stagiaires à une analyse rigoureuse des données.

Le laboratoire ICAR est le seul laboratoire français spécialiste des interactions, il a acquis depuis les années 80 une renommée non démentie dans ce domaine. Depuis la fin des années 90, ses chercheurs ont participé à l’essor de la linguistique interactionnelle et de l’analyse conversationnelle en France, en Europe et aux USA : ils sont internationalement reconnus et reçoivent de nombreuses demandes de formation de la part des chercheurs français et internationaux, que ce soit sur la constitution des corpus oraux en interaction ou sur leur exploitation à partir d’une banque de donnée. Les deux organisatrices de l’école SEQ-i ont participé à de nombreuses formations doctorales en Europe et ont pu constater à la fois le niveau international dans ce domaine et la demande qui continue à émaner de tous les pays européens.

Objectifs de formation

La formation entend intervenir aux niveaux pratiques et théoriques. Elle vise à la fois à présenter les technologies contemporaines indispensables à l’étude des données orales et interactionnelles et à éclairer les débats épistémologiques qui en ont fondé le développement et en informent les usages. Elle vise à développer chez les participants une compétence réflexive qui intègre ces aspects à la fois opérationnels et analytiques. L'accent sera fortement mis sur l'acquisition et/ou la mise au jour de savoir-faire concernant les outils, les notions et les méthodologies d’analyse des phénomènes de séquentialité depuis le niveau de la paire adjacente (Sacks, Schegloff, Jefferson, 1974 ; Schegloff, 1996) jusqu’à celui de la séquence étendue (Schegloff 2007). L'école est construite avec une progression suivant la démarche de recherche. Privilégiant une diversité de formats de participation, elle intègre des conférences, des ateliers, des travaux dirigés, des forums, afin d’articuler les présentations et débats théoriques aux démarches empiriques, les enjeux d’analyse et les choix techniques et technologiques.

Public concerné

Le public visé par l’école d'été SEQ-i est constitué de tous les chercheurs et les doctorants intéressés par le traitement des données orales et interactionnelles. Elle s’adresse à des chercheurs et doctorants aussi bien français qu’européens (les langues de travail seront l’anglais et le français). L’école concerne en particulier, en sciences du langage, les personnes engagées dans la recherche sur l’interaction, sur la grammaire de l’oral, sur l’analyse du discours, sur les banques de données orales, sur l’enseignement du français et l’observation des interactions en classe. Elle concerne aussi, de manière interdisciplinaire, les chercheurs qui en sociologie, en psychologie sociale, en ethnographie, en histoire orale, s’intéressent au traitement de la parole en interaction.

Pré-requis

Une sensibilisation préalable à la pratique du travail de terrain et de collecte de données langagières est souhaitable, ainsi qu'une première expérience en analyse de la langue orale et/ou des interactions. Une transcription de 5 à 10 min sera requise pour tous les participants, et servira de base à leur travail personnel durant l’école.

CONSEQUENCES ATTENDUES :

L'école entend mettre en contact chercheurs et doctorants français et européens travaillant dans le champ de l'interaction. Faisant suite à l'école de 2010, elle entend consolider les relations établies préalablement entre chercheurs au niveau européen.